29/09/2014

Zoom sur le Festival International des Textiles Extraordinaires de Clermont.


Aujourd'hui, je vous propose de me suivre dans Clermont-Ferrand, à la découverte de quelques lieux abritant les temps forts du FITE 2014.
Ce festival, à l'initiative de HS_Projets est co-organisé par le musée Bargoin et la ville de Clermont. Il me fallait donc commencer cette visite guidée par le musée.


Les statues de la façade du musée se sont vues habillées pour l'automne d'une longue robe, d'un long drapé constitué de ronds crochetés et tricotés.


Marie Deschamps, Bénédicte Haudebourg et Marie-Louise Gluszak sont à l'origine du projet. Si elles ont été aidées par les petites mains du K-fé tricot pour obtenir les ronds roses nécessaires à cette œuvre, ce sont elles qui ont assemblé et cousu l'intégralité de ces deux pans. Quand je réfléchis au travail que ça représente, ça me donne juste le vertige...


Les fameux ronds roses ! Je vous en ai souvent parlé de ceux-là. Vous les avez déjà vu ici et . J'ai passé un bon moment à jouer à "Où est Charly" en cherchant mes ronds et ceux de ma maman. Un vrai plaisir de laisser ses yeux vagabonder là dessus et sauter de rond en rond.


Hey, Ahookamigurumi, t'as repéré le rond fait grâce à ton tuto ?


Les journées du patrimoine tombant en plein FITE, c'était l'occasion rêvée de franchir les portes du musée et d'approcher entre autres des noragi japonais que pour l'instant je n'avais croisés que dans mes livres sur le Sashiko. Je n'ai pas fait de photos de l'exposition, vous laissant le soin de découvrir par vous-même les broderies magnifiques qu'elle contient.


Partons du côté du Centre Blaise Pascal, où se déroule le Showroom Textile.


Ici sont exposés des tissus des quatre coins du monde, des créations textiles diverses, des tapis, des objets d'artisanats...  Et il faut dire que notre pierre noire volcanique met merveilleusement bien en valeur les multiples couleurs des soies indiennes et des batiks africains...
Pour les budgets serrés, certaines choses ne seront que pour le plaisir des yeux mais cela vaut le détour. Les exposants étant des passionnés, vous en apprendrez plus sur les techniques de teintures utilisées en Afrique ou de feutrage de la laine en flânant par là. 
D'autres choses étant aussi complétement abordables, vous pourrez repartir avec le plein de laine et de tissu pour vos prochaines créations.
Je suis faible, j'ai craqué sur : 
- des pelotes de laine en provenance du Chili (teinture végétale)
- des boutons en porcelaine
- du tissu japonais
Flâneurs du web, je vous laisse les liens, y'a plus qu'à cliquer.


Ma mère de son côté, a flashé sur la finesse de ce panneau décoratif fait d'écorce aplatie dans la boutique Pangea - comptoir des peuples.



Faisons un détour par le jardin Lecoq, coin de verdure en centre ville.


Ici vous attendent les patchworkeuses de France Patchwork pour un déjeuner sur l'herbe.


Si je n'ai pas pris le temps de déjeuner avec elles (pour raison d'estomac plein de tartes aux myrtilles), j'ai pris celui d'admirer leur travail et de poser une bonne partie des questions que je me pose quand je me retrouve toute seule bien embêtée devant ma machine à coudre et mon molleton.


Ces quilts réalisés en amont du FITE ont été vendus aux enchères au profit de Médecins Sans Frontières.




Complétement hypnotique non ? Et quand je pensais déjà en avoir pris plein les yeux, elles ont déroulé l'arme ultime pour me faire tomber à la renverse : l'immense grandmother's flower garden. Les fleurs ont été réalisées à partir de tissus de récupération dans divers ateliers et médiathèques, certaines ont été envoyées par des particuliers, des associations. Le but, durant ce festival, était de les assembler au grand air et d'apprendre ainsi à qui le voulait les techniques traditionnelles de patchwork et de quilting.


Une idée des dimensions ?
Dans mon souvenir, elles étaient grosso modo de 8 mètres de longueur par 3 mètres de largeur...



Le FITE nous emmène ensuite à l’Hôtel de Ville.


Sur le programme du festival, il était écrit qu'un moucharabieh en dentelle devait être installé ici. Ces deux mots juxtaposés avaient fait gambader mon imagination. J'ai donc été un peu déstabilisée par la réalité de ce moucharabieh. Je suis même passée deux fois sous ces deux arches sans les voir tellement je  m'attendais à autre chose. 


Ils sont le travail de Armel Barraud et Marie-Thérèse Bonniol en collaboration avec des dentellières d'Auvergne. Elles réinventent la dentelle en utilisant des fils métalliques et/ou issus de l'aéronautique. Elles en font tout autre chose que ce que mes pauvres connaissances en matière de dentelle étaient en mesure d'imaginer.



Quittons l’Hôtel de Ville pour nous rendre à la chapelle de l'ancien hôpital général.


Derrière ses portes, se tient l'installation "Renaissance d'une tempête, de l'orage aux tourments des âmes..."


Les étudiants des écoles d'arts ENSATT et ENSBA de Lyon y proposent "une critique des idées de la colonisation par une installation de costumes autour des textes de La Tempête de Shakespeare et Aimé Césaire".


Et quels costumes ?! Personnellement je suis restée bloquée sur ce prospéro (voir les explications de la fiche un peu plus bas)Fascinée depuis des années par l'esthétisme du film The Crow 2, je ne sais pas trop expliquer pourquoi mais cette tenue m'a directement évoqué ce film : sans doute le décor urbain sombre dessiné dans le dos, la façon qu'avait la lumière de jouer avec ce costume et de projeter les ombres, les allures de silhouette du corbeau du dessin...


De face, on croirait voir des araignées sur les épaules...
L'austérité gothique de ce costume est sublime.



Pour la blague, je trouve à l'ombre de ce costume des allures du trône de Game Of Throne mais c'est peut être l'ambiance fausse tête coupée sur des piques qui me fait avoir de telle association d'idée. Quoi que, à voir des corbeaux dans les dessins, des araignées sur les épaules et des trônes dans les ombres, j'étais peut-être juste d'humeur à passer un test de Rorschach ce jour-là.
On dit que l'art c'est un inconscient qui parle à un autre inconscient. Et bien, je peux vous dire que y a eu de sacrés conversations entre eux ce jour là :)


Quittons les tourments de l'âme et continuons cette visite, 
direction la Place de Jaude !
(oui, le clermontois est tellement fier de ses volcans qu'il fait même des parterres de fleurs)


Les galeries Lafayette exposaient certaines tenues de créateurs.
Ici, Eric Choong (Malaisie)


Et là, Carmen Rion (Mexique)


Un bref défilé était organisé dans le magasin où deux tenues de chaque créateur était présentées au public. De gauche à droite : Angleterre (oups, un costard sur les deux a été squeezé de la photo), Malaisie, Vietnam, Mexique, France et Vietnam à nouveau.


Comme un avant goût du défilé qui se déroulait plus tard dans l'après-midi au pied de la cathédrale, autour de la fontaine massive d'Urbain II. 


Et c'est parti pour le défilé !!

Je tiens à vous dire que "Ze boulet of the year" c'est moi puisque ma batterie d'appareil photo est tombée en rade en plein défilé. Pas de panique. J'en avais une deuxième sur moi bien sûr ! sauf qu'elle n'était pas chargée...
Heureusement que mon papa a pris le relais sinon c'en était cuit pour vous montrer toutes ces merveilles. Je n'ai jamais été aussi frustrée de ma vie ! J'avais tellement envie de capter ce que je voyais. Du coup j'ai rabattu les oreilles à mon papa "oh prends le dos de celle-ci... oh regarde par là.. et ça, tu l'as pris ?!". Au final, même si je me suis sentie toute démunie sans mon appareil, je me dis qu'au moins je n'ai pas eu à me frayer un chemin dans la foule et entre les autres photographes, j'ai pu pleinement profiter du spectacle et applaudir des deux mains ^^ 


D'abord : la Malaisie, avec le travail d'Eric Choong




Pure délicatesse.



Je termine cette série colorée, fluide et légère par une photo du créateur suivi par ses modèles et j'enchaîne avec les créations venues du Vietnam de Dang Thi Minh Hanh




Si je devais résumer cette collection en quelques mots, 
je dirais jean, broderie et... chaussures !!





Sur cette photo, la créatrice vietnamienne laisse place à Françoise Hoffmann (France). Cette dernière exposait à l'espace Victoire mais j'avais prévu de faire les photos ce jour-là et c'était fermé pour cause de défilé. Je vous laisse donc découvrir tout cela sur le blog de la couturière masquée qui a elle aussi joué les reporters durant la semaine.


Une collection toute de laine feutrée, de visage caché, de mains gantées.
Des allures de mannequins de cire.




Un petit côté Lady Gaga cette collection non ?


Je commence la présentation du travail du créateur anglais DENT de MAN par une pose très Abbey Road.




Si je devais continuer à parler en terme d'album des Beatles,
je dirais qu'on est plutôt du côté Sergent Pepper
niveau couleurs et psychédélisme.




Je termine à nouveau cette série par la photo du créateur suivi de ses modèles et je vous embarque direction le Mexique, découvrir les tenues de Carmen Rion.






Tout dans les noirs, blancs, beiges
Des formes atypiques et douces.



La créatrice, sous les applaudissements de ses modèles.


Je continue ce résumé en images du défilé par les créations de Cong Khanh (Vietnam). Si je devais donner un coup de cœur, je crois que ce serait cette collection.


Une parfaite alliance de modernité et de tradition.



Des broderies hallucinantes et des robes à tomber par terre...





Je termine par ce créateur puisque c'est sans doute celui qui m'a mis le plus d'étoiles dans les yeux.
Après le défilé, je suis restée un peu sur place pour observer le ballet des shooting photo, des interviews, des fringues qu'on remet sur les portants, qu'on range (dès fois qu'il y en ait une qui tombe par inadvertance...)





Voilà, mon humble résumé du FITE, ma petite vision de néophyte émerveillée. 

J'ai adoré cette semaine. Adoré malgré quelques petits couacs dans l'organisation. Je pars voir l'exposition de cerf-volants au jardin Lecoq et ils ont disparu (pour cause, on les retrouve dans le défilé), on pense aller voir l'exposition de quilts et comme ils ont été tous vendus le matin, on se retrouve devant une porte fermée sans info... Entre ce qui est inscrit sur le programme et ce qui est vraiment, parfois on se perd un peu.
Dans les trains, personne ne se parle mais quand celui-ci s'arrête au milieu de la voie, tout le monde parle à son voisin pour essayer d'avoir des infos. Un petit parallèle pour expliquer que selon moi, ces petits couacs ne font que renforcer l'atmosphère conviviale qui règne dans ce festival. Partir à la pêche aux infos, ça rapproche et tout cela est vite oublié devant tous ses textiles extraordinaires. 
Je ne vous ai montré que la partie émergée de l'iceberg, il y a plein d'ateliers, de conférences, d'expo, d'échanges... Je n'ai pas pu tout faire et je n'ai pas pu tout mettre dans cet article, déjà bien long. (Quelle frustration de ne pas vous montrer une à une toutes les robes et tenues du défilé !)

J'adore ce festival parce qu'il est dans la cité. Il vient vous chercher par le Yarn Bombing alors que vous vous promenez sur le trottoir, il s'incruste dans les vitrines, il vous offre des moments sympas inattendus au moment de votre casse-croûte de midi au parc et des défilés de mode pendant votre shopping.
Il y a quelque chose de non conventionnel et de spontané qui me plaît bien.
Honnêtement, je ne serais jamais allé voir un défilé de mode, assise dans une salle qui dans mon esprit est remplie de bourgeoises prout-prout guindées et mondaines (aaah les préjugés!).
J'aime ce côté freestyle, ouvert à tous et terriblement accessible. C'est diversifié et inspirant tout ce qu'on voit durant ce festival. Je ressors de cette semaine pleine d'idées et d'envies !  

"Les années paires, le FITE fait vibrer Clermont-Ferrand au rythme du monde. Les années impaires, la manifestation part à l’international."
 
Vous aurez donc compris : allez zou, on prend son agenda et on note : Septembre 2016, pensez à faire un petit détour par Clermont