26/01/2015

Tote bag "Carnet de voyage"


Ma sœur, c'est une vadrouilleuse et son homme ayant la moitié de sa famille en Inde, elle a parcouru ce pays plus d'une fois. Cet été, elle a ressorti des tampons achetés là-bas qui dormaient dans un tiroir en me disant : "tiens, je te les prête, je suis sûre que tu peux en faire plus de choses que moi".
Oh mais ça sent le défi ça... accepté !!!


Ces gros tampons en bois me fascinent. Ils sont à la fois bruts de décoffrage et finement ouvragés. Tout ce que j'aime. Je suis toujours épatée de voir ce qu'est capable de créer l'Homme à partir de trois fois rien. 


C'est vrai qu'elle m'en avait offert des petits en 2001 de ce même style et les miens aussi étaient restés bien sagement rangés dans une boîte et un peu oubliés. Un vrai scandale !!! Mais pour ma défense, je ne savais pas trop comment m'en servir, quelle encre utiliser bref, j'avais aucune notion d'impression sur tissu...


Mais maintenant j'ai internet et j'avais un nom en tête : je pensais que La Fabutineuse pouvait m'aider et je me suis pas trompée. J'ai trouvé toutes les infos dont j'avais besoin dans un premier temps, notamment dans cet article.
Dès lors, je me suis focalisée sur ces deux tampons et j'ai essayé de créer quelque chose autour d'eux.
J'ai fini par opter pour deux sacs parce que c'est bien connu, on n'a jamais assez de tote bags.


Je n'avais pas envie de faire un truc dans la pure tradition indienne. J'avais pas les connaissances pour et je trouvais ça plus drôle d'essayer de me les approprier et de tenter de les incorporer à mon style.


J'ai beau être très très nulle en géographie, je vous rassure je sais quand même que les pyramides, elles ne sont pas en Inde mais j'arrivais pas à placer le dromadaire dans un décor indien. Je n'avais pas d'inspiration de ce côté là.
Le côté très visuel des pyramides me parlait bien. Je trouvais que ça donnait tout de suite une identité au sac. Comme ma sœur a aussi traîné ses valises en Égypte, ça collait. Avec un sac, je faisais d'une pierre deux coups en lui rappelant deux beaux voyages.


J'ai doublé les sacs parce que petite maniaquerie de ma part, j'aime pas quand on voit des coutures à l'intérieur des sacs. La doublure fait un joli rappel couleur puis connaissant ma sœur, il va être blindé de bouquins bien lourds alors autant le rendre le plus épais et le plus solide possible.


Des tampons indiens, des pyramides égyptiennes, le tout à la sauce "Les Eclats De Claire", du grand n'importe quoi en somme mais j'aime bien le résultat.


Le but que je m'étais fixée, c'était de fabriquer ces sacs dans un esprit Carnet de voyage et qu'à la première vue, ça lui remémore plein de souvenirs. J'suis donc partie enquêter pour retracer un peu son itinéraire. J'ai acheté des tampons alphabet chez Artemio et j'ai inscrit sur de la toile quelques villes phares de son parcours.


Un éléphant et des fleurs appliquées.


Dans mon imaginaire, ces noms de ville, ça donne un petit côté air postal, ça rappelle les étiquettes sur les valises bref, ça évoque les voyages.



J'ai choisi des formes simples mais que je trouvais assez symboliques.




Anis, pistache et violet.


Deux sacs sous le sapin de Noël, deux sacs pour trimballer plein de souvenirs.
De mon côté à Noël, j'ai eu un petit nécessaire pour attaquer la linogravure... la boucle est bouclée ! 
Mais ça sent les projets à n'en plus finir tout ça. 



Si vous voulez poursuivre le voyage, je vous invite à aller voir l'article de miss Barbara Gourde. Rien de telle qu'une blogueuse couturière vivant en Inde pour vous raconter l'histoire de ces tampons et les merveilles de l'artisanat indien. 


A bientôt !
(la semaine prochaine, c'est déjà le résultat du concours ! le temps passe vite...)

19/01/2015

Plaid "Snug as a bug in a rug"


Quand j'étais au lycée, mon prof d'anglais avait une expression pour ma meilleure amie qui avait une petite tendance à rêvasser en cours, installée confortablement dans un gros pull à col roulé et emmitouflée dans une grosse écharpe : "snug as a bug in a rug". Comment traduire ça ? Je dirais bien au chaud, bien douillet, bien comme un insecte blotti dans une carpette (ou comme mon matou dans mes plaids en laine. On ne le dira jamais assez, c'est dur d'être un chat et d'avoir une maîtresse qui tricote).


Moi, je rêvais d'un plaid en laine, épais, lourd et chaud. J'avais envie d'être un insecte mais j'avais quand même plus envie d'un beau cocon que d'une vieille carpette.


J'avais appris à tricoter avec mon plaid Molly. A l'époque, je m'étais entraînée sur les points basiques. Avec celui-là, je voulais agrandir ma palette tricotesque. J'ai ouvert les livres qui répertorient les points et j'ai pioché ceux qui me plaisaient, ceux que j'avais envie d'essayer. C'est le grand moteur de ce plaid : la curiosité. Mais après tout, c'est ça la base de tous les apprentissages non ? 


Je ne me suis pas posée beaucoup de limites. Il fallait juste que mes carrés mesurent 15x15 cm. Pour les couleurs, j'ai fouiné dans mes stocks, ceux de ma mère. J'ai regardé les couleurs dominantes et j'ai choisi en fonction de ça : bleu, vert, blanc, noir et gris. J'ai établi une séquence à répéter pour que ce soit homogène. J'ai racheté quelques pelotes pour compléter et me faire plaisir.
Niveau taille de fil, ça va des aiguilles 3 à 9. Ça devient un peu sport au moment de la couture finale mais c'est super formateur. Après, plus rien ne fait peur.


Par contre, je n'ai pas voulu faire des carrés au jacquard dans mon plaid. J'avais peur que mes orteils se prennent dans les fils derrière l'ouvrage. Seulement j'étais pas contre mettre un peu de figuratif là dedans pour pouvoir me lover avec des choses que j'aime autour de moi. Du coup, j'ai formé des dessins avec des points en relief. Après quelques essais-erreurs, un Totoro est apparu.


Et là, où il y a Totoro, il y a forcément des feuilles


j'en ai donc incorporé à ma couverture.


De 2010 à 2012,
un carré par-ci, un carré par-là.
Au bout de deux ans, j'ai obtenu mon grand plaid de 1m80 sur 1m50.



Point de manne, grain d'orme, point de vannerie, petites échelles, point de feuilles, zig zag, point d'alvéoles, point de grille, chenilles, point de blé, point de riz, semis, point de toile, grain de poudre...
Ils ont une belle musicalité les noms de points de tricot. Ça donne envie de tous les essayer.


Et comme il y a souvent un certain chat gris sur le plaid...


j'ai aussi mis un chat gris dans le plaid.


C'est ma toute première grille de points créée. Il y a des imperfections mais mes carrés me servent aussi à ça : à faire des tests, tenter des choses nouvelles, défaire, refaire bref créer et s'amuser.
Pour pas que le chat du plaid s'ennuie, j'ai aussi mis un petit oiseau, à distance respectable l'un de l'autre (et celui-là, je peux vous glisser le modèle de ce point, je l'ai trouvé sur Ravelry. Il est gratuit et il est ici).



Dans la vie de tous les jours, je ne vois pas tous ces points puisque mon plaid est plutôt chiffonné ou que je suis roulée en boule dedans mais ils sont là et je le sais. De loin, on ne voit que des couleurs et lorsqu'on s'approche, plein de petits détails apparaissent. Cette idée me plaît.


Six coussins et un gros plaid : voilà le nid de laine d'où je vous écris.


Un petit havre de paix.
Quand je suis là-dessous, c'est adieu le monde et bonjour roupillon ! 



Avec les rythmes rassurants et les voix envoûtantes de Ghost In The Shell
ou la douce mélodie de Princesse Mononoké,
ça a même un petit goût de paradis.





12/01/2015

Tout ce que tu feras sera dérisoire...


Voilà 3 ans que je fais partie du K-fé Tricot de Clermont. Il y a eu des grandes aventures, des défis fous de Yarn Bombing... et puis chaque année, il y a des actions communes plus discrètes. Tous les hivers, nos mains de tricoteuses sont mises à contribution pour confectionner bonnet, écharpe, snood, gants, mitaines pour les Sans Domiciles Fixes dans le cadre de l'opération Sakado.
Il y a quelque chose de très concret qui me séduit dans cette opération (si je peux m'exprimer ainsi). Lorsque je m'active avec mes aiguilles, je sais quelle utilisation va être faite de mes tricots, quelle aide je vais leur apporter, c'est limpide. Un peu de chaleur en plus et le réconfort de savoir qu'on pense à eux. Tout ceci est si palpable que c'est presque impossible de ne pas s'engager dans cette action. Ainsi, chaque année, j'apporte mon humble contribution qui se résume souvent à quelques bonnets, quelques mitaines. 
Pendant les dernières vacances de Noël, trois bonnets ont vu le jour. Des modèles simples, à la portée de tous.


D'abord le modèle que je fais chaque année. 116 mailles au départ montées sur des aiguilles 3.5. Tricoté en côtes 3/3, puis côtes 2/2 puis côte 1/1 puis jersey. Les côtes c'est l'idéal, c'est élastique, ça s'adapte à toutes les tailles de tête.


Pour ceux/celles pour qui le budget-laine est un problème, perso j'utilise souvent les pelotes de laine non utilisées à la fin d'un projet. Je fais aussi souvent des rayures ce qui me permet d'avoir assez de laine pour finir le bonnet tout en apportant une touche de couleur.
Si vous n'avez pas de laine en stock (m'enfin connaissant notre point faible à toutes j'en doute), c'est la bonne période pour trouver des pelotes à prix très réduits.

Déstockage personnel, récup ou soldes, il est facile de trouver une pelote ou deux et de faire un bonnet pour moins de 2 euros.


Le second est un modèle gratuit de Drops, tout simple au point mousse sur des aiguilles 4. Très simple, accessible à tout le monde, même aux débutantes.


Oui, mais où trouver le temps pour faire ça ?
Si vous ne tricotez pas très vite, que vous débutez, que vous êtes complétement overbookés... bref, si le temps est un problème, le troisième modèle est pour vous. Je l'ai découvert grâce au blog de La Bikette. C'est un bonnet qui porte bien son nom "The last minute hat". C'est du tricot éclair aux aiguilles 9. Ouvrage commencé pendant "La revanche des Sith", fini et cousu avant la fin du film. Simple, rapide et super épais, il est parfait pour ce genre de projet. Vous trouverez le modèle gratuit ici.


En général, dans les formes, les couleurs, je choisis de l'unisexe. D'après les chiffres communiqués par Dominique de Sakado63 venue nous rencontrer au Kfé-tricot, 80% du public ciblé est constitué de jeunes hommes.  


Exceptionnellement, j'ai fait un bonnet plus féminin, au point mousse. Il ne sera sans doute pas fini à temps puisque je le tricote en tête à tête avec une dame qui ne tricote pas aussi vite que moi mais il sera au rendez-vous l'année prochaine... Je suppose qu'on en aura encore besoin...


Je dois avouer que cette année, j'ai bien failli ne rien faire du tout. Je manquais cruellement de temps, j'étais épuisée. J'avais fini par me dire "A quoi bon... un ou deux bonnets, quelle différence ça fera de toute manière ?".
Un moment d'abattement passager. Puis, j'ai ouvert une papillote et un grand homme se planquait là pour me rappeler que ce sont les petites choses qui changent le monde. 


Sakado, ce n'est pas que du tricot ! Je vous invite à aller voir leur site internet pour prendre connaissance de leur action en détails et pourquoi pas vous impliquer d'une manière ou d'une autre, cette année ou la suivante. D'ordinaire la distribution se fait durant les fêtes, début Janvier. Cet hiver, à Clermont-Ferrand, 80 sacs à dos ont été distribués mais ça n'a malheureusement pas été suffisant pour pouvoir en donner à tous ceux qui en avaient cruellement besoin. Il manque 40 sacs à dos.

Si vous avez envie de nous aider à donner un dernier coup de collier, les lieux de dépôts à Clermont sont :
- le café lecture Les Augustes 

- Boutique Naturellement, Rue Tranchée des Gras
- Boutique Bio Auvergne, 8 rue Niel


Voilà, j'avais rédigé la plus grosse partie de cet article il y a une semaine. Il reflétait déjà une réalité lourde. Il devait s'arrêter là, il aurait dû s'arrêter là. Et puis l'impensable est arrivé.
Je ne me suis pas exprimée sur le blog. Je ne pouvais pas. Je n'avais pas de mots pour en parler. Je n'arrivais pas non plus à parler d'un autre sujet. Impossible de faire autre chose que de vivre cette émotion brute et de la subir de plein fouet. 

Inconcevable atrocité de cet acte. Inconvenable bilan meurtrier. Inconcevable de devoir faire sans ces personnes qui nous aident tellement à supporter le poids de l'actualité en nous faisant rire.
Le seul truc que j'ai intégré immédiatement par contre, c'est leur courage. Comment j'avais pu ne pas m'en rendre compte avant ?

Je suis une sauvageonne. Je n'aime pas les foules. Donc mercredi, jour des soldes j'avais prévu de me tenir bien loin de l'agitation du centre ville. Finalement à 18h30, j'ai sauté dans mes chaussures et je me suis retrouvée au milieu de 4000 personnes réunies dans la même douleur à Clermont parce que "bordel, je leur dois bien ça !!".


Je ne m'attendais pas à trouver autant de monde. Un choc de plus dans cette journée. J'avais le choix entre m'effondrer en larmes, une fois de plus, là sur cette place ou rire de toute urgence. J'ai donc appelé ma meilleure amie pour échanger quelques blagues bien délicates de notre cru. Je me sentais un peu déplacée de rire aux éclats accrochée à mon téléphone mais on ne choisit pas ses mécanismes de défense et quelque part, j'étais dans le ton... Le rire est précieux. Quand j'ai raccroché, je pouvais faire face à l'émotion.


Pendant plusieurs jours, j'ai été vide, j'ai traîné mon âme en peine, consternée par l'escalade de violence. Les larmes n'étaient jamais loin, les fou-rires non plus d'ailleurs mais les sourires eux avaient définitivement fui, envolés en même temps que quelques belles plumes.
J'ai repris un peu du poil de la bête. Il a été question d'une grande marche de rassemblement. J'allais bien faire quelque chose pour l'occasion. Je me suis rappelée avoir eu vraiment froid le premier soir, j'ai pensé à ces bonnets, j'ai pensé au fil Charly...


Une grille dessinée devant les infos, un modèle improvisé et une nuit blanche à tricoter du fil. Tout ceci est perfectible, ça a été fait dans la hâte mais avec cœur. J'ai mis ma grille à votre disposition sur ma page Ravelry, si ça peut vous être utile...


Le bonnet, c'est ma sœur qui l'a porté fièrement à côté de moi dans la marche. Parce que je suis plutôt du genre à avoir envie de passer inaperçue et de me planquer dans un trou de souris (ou dans les buissons ^^)


Et puis elle s'appelle Marianne alors le symbole était beau. 


70000 personnes réunies à Clermont.
3.7 millions en France.
Une force tranquille
. Une union. Une fierté.
De vraies belles images réconfortantes
dans la rue, à la télé
et un pigeon irrévérentieux qui fait mon bonheur.
Un vrai baume au cœur que ce dimanche ensoleillé.


Quant à moi j'ai finalement trouvé ce que j'avais envie de vous souhaiter pour cette nouvelle année qui commence de façon si étrange.
Je vous souhaite de rire de tout, tout le temps et je vous souhaite de faire plein d'actions complètement dérisoires mais pleines de sens.