28/09/2015

Un peu de dentelle dans ce monde de brutes ?

Je ne sais pas ce que j'ai en ce moment, j'ai envie de vous parler un peu de ma région. Après un détour par le département voisin et son vin d'Allier, direction la Haute-Loire pour découvrir un peu la dentelle du Puy

Une partie de ma famille est originaire du Puy en Velay. Pour autant, il n'y a pas de dentellières dans les rangs. Mon seul contact avec la dentelle dans ma jeunesse a été cette photo (prise par mon père) affichée sur les murs de ma maison. Cette petite dame que je n'ai pas connue, c'était la voisine de mes grands-parents, à l'ouvrage tous les jours sur son pas-de-porte. J'aime beaucoup cette photo et ces mains usées par le temps en train d'effectuer un geste qu'on devine très précis... 



Lors de la journée des tricoteuses au Musée Bargoin, j'avais été bluffée par le travail des dentellières alors quand j'ai vu peu de temps après que les dentellières du Couvige de Clermont exposaient, j'ai eu envie d'aller voir ça de plus près. Il était temps, c'était le dernier jour !
J'ai vu des pièces qui correspondaient à ce que j'avais en tête quand on me dit "dentelle"...



... et puis j'ai vu aussi ce foulard : une merveille ! Je ne soupçonnais même pas qu'on pouvait faire ce genre de réalisation en dentelle.


C'était au printemps dernier et j'ai mis tout ce temps pour venir vous en parler. L'expo étant finie le lendemain, c'était trop tard pour vous encourager à aller la voir et je n'arrivais pas à faire une sélection parmi toutes les photos que j'avais faites ce jour-là.






Cette expo n'avait pas une vocation pédagogique, ce n'était pas un historique de la dentelle. C'était une présentation de leur travail. Il n'y avait donc pas de petites fiches explicatives hormis sur les différents métiers à dentelle. L'occasion pour moi de découvrir qu'il y avait des différences assez notables selon les pays. De gauche à droite : métier anglais, métier espagnol à crémaillère et métier allemand. J'ai personnellement un petit faible pour le style British très coquet même si le pragmatisme allemand a son charme : un boudin, une corbeille, bim, c'est réglé ! (Vous pouvez cliquer sur les photos pour les agrandir un peu).



Une partie des dentellières étaient présentes et ont répondu avec plaisir aux questions que je me posais. C'est ça, l'avantage des expo sans trucs à lire, c'est qu'on est obligée de partir à la pêche aux infos. C'est tellement plus agréable d'apprendre grâce à des passionnées, au détour d'une conversation... Je ne vais pas vous faire un cours sur la dentelle du Puy à travers les âges, c'est pas le but ici. J'ai juste envie de partager avec vous de manière assez informelle mes petites découvertes de néophyte et surtout rendre hommage à leur travail

J'ai réussi à comprendre un peu les spécificités de la dentelle selon les lieux en faisant le parallèle avec le tricot. La technique reste sensiblement la même. Une maille endroit reste une maille endroit quel que soit le pays pourtant on parle de tricot japonais, de tricot scandinave... Chacun son style et chacun ses petites particularités : on a mille façons par exemple de monter des mailles (à la continentale, le back loop cast on...). La dentelle, c'est pareil.

Revenons-en à la dentelle du Puy. Le carreau, c'est ce coussin carré, le métier à dentelle où est disposé tout le matériel. La partie supérieure, c'est le tambour, cylindre où est posé le carton c'est-à-dire le patron à suivre. Les épingles servent à maintenir le fil en place de façon à ce qu'il suive le modèle disposé en-dessous. Les fuseaux en bois quant à eux servent à stocker le fil et le guider.



Il existe aussi dans la région le carreau "Farigoule", du nom de son inventeur Pierre Farigoule. La différence réside dans la pièce métallique qui se dévisse sur le dessus, c'est un peu la version 2.0 du carreau du Puy en Velay classique ^^


Chaque famille avait un peu son modèle de prédilection. Les femmes de la région occupaient donc leurs soirées à faire des mètres de dentelle qu'elles vendaient par la suite. C'était un apport d'argent supplémentaire pour le foyer. La dentelle, c'était donc une affaire de famille et elle s'apprenait dès le plus jeune âge, d'où la présence de ce carreau pour enfant (sa taille fait à peu près le quart d'un carreau classique).


Ces petits ovales dans la frise ci-dessous sont une des spécialités de la dentelle du Puy. Pour l'anecdote, on les appelle les gaspilleuses parce qu'elles sont gourmandes en fils et il paraît que l'Auvergnat est radin... Je ne saurais dire si ce préjugé qui a la vie dure correspond à une certaine réalité. Comme il n'y a sans doute pas de fumée sans feu, je suppose que nous ne sommes pas de grands flambeurs. En attendant j'aime penser que l'Auvergnat près de ses sous sait toujours avoir le cœur sur la main sinon Brassens aurait choisi une autre personne dans sa chanson.


Le couvige, c'est juste le terme employé pour parler des réunions de dentellières. Sur le panneau il était inscrit "Couvige des dentellières de Clermont-Ferrand" mais si je vous le montre en entier, les détails des lettres disparaissent donc on va éviter.


Bon, maintenant je vais me taire un peu et vous laisser découvrir leurs productions riches et variées.


















Je trouve le bois de ces fuseaux tellement beau. A les voir tous alignés, tout en rondeur, on a envie d'y plonger la main non ?


Pourtant je l'ai pas fait. Je jure que c'est pas moi qui aie créé ce fatras de fils. (Honnêtement, je plains celui ou celle qui devra se coller à démêler un nœud de cette ampleur.)
 

Ce passage d'un grand nombre de fils tout simples à un ruban discipliné, ordonné, ouvragé, me fascine. Presque je serais tentée par me lancer à la découverte d'une nouvelle technique...


... mais quand je vois ce nombre d'épingles, j'ai juste le vertige. Comment c'est possible de mettre autant d'épingles au centimètre carré ????!! 


Moi de l'Auvergne, j'ai plus choppé les gros sabots que la délicatesse de la dentellière. Aux carreaux de dentelle, je préfère mes carreaux de mosaïque que je casse à coups de pinces et de marteau mais si l'un d'entre vous a envie de découvrir davantage la dentelle, sachez qu'elles se réunissent tous les mardis et que vous avez tous les renseignements sur le papier qui suit :


C'est le même fonctionnement qu'un "café-tricot" : on amène son ouvrage, on papote, on échange des modèles, des conseils, on s'entre-aide et on apprend aux petits nouveaux. Je leur ai posé la question : elles prêtent sur place le matériel nécessaire aux novices pour qu'ils puissent tester un minimum auprès d'elles avant d'investir dans le leur. Donc si vous avez envie de vous lancer dans le monde de la dentelle, vous savez ce qu'il vous reste à faire :)


22/09/2015

Terroir, bouts de ficelle et sac à patates.


Quetsches, figues, mûres, raisins... Des dégradés de bleu, de violet, de noir et de vert. La campagne est belle et généreuse en Septembre.


La maison familiale étant pas mal entourée de vignes, mon père avait récupéré auprès des vignerons du coin quelques bouts de ficelle de palissage destinés à être jetés (ou recyclés). Pour les curieux qui se demanderaient ce qu'est le palissage, je dirais en résumant grossièrement que c'est le fait de ramener les branches folles et de les contenir dans le rang. Ça peut se faire à la main ou à la machine. Les encore plus curieux n'auront qu'à cliquer sur les deux vidéos. Ça sera votre minute "L'amour est dans le pré" du jour ;)
 
Mon père voulait s'en servir pour attacher nos pieds de tomates. Ma mère a pris le temps de les laver, enlever les agrafes et m'en a donné une partie. Et oui, pour moi, du moment que c'est du fil : ça se crochète ou ça se tricote !


Par contre, j'ai dû négocier avec le chat de mes parents (nettement moins généreux) qui trouvait ce tas de ficelle parfait pour se confectionner un nid douillet...


Qu'est-ce que je voulais faire de cette ficelle bleue ? Quelque chose de très terre-à-terre.
J'en avais marre de voir trôner mon sac à patate tout moche et pas pratique dans ma cuisine. Passé un temps, je stockais mes pommes de terre dans un carton à vin (quand je vous dis que je suis cernée par les vignes... ^^) mais on a tous connu le drame de la patate pourrie qui pue, dégouline et bousille le carton. Je voulais donc une corbeille solide et qui se lave.
Cette ficelle faite pour encaisser les intempéries était parfaite. Je l'ai associé à de la laine bleue provenant d'un pull détricotée à ma mère. Ambiance totale récup' aujourd'hui.


Bon, j'ai dû négocier avec un deuxième chat qui s'est approprié à son tour les pelotes de ficelle et trônait dessus tel Smaug le dragon sur son tas d'or... Je ne voudrais pas faire de généralité à partir de deux cas mais quand même, on dirait que cette ficelle est pas mal appréciée par nos compagnons félins.


Pour ma corbeille, j'ai commencé par former un "cercle magique" puis j'ai crocheté une augmentation dans chacune des mailles au premier tour. Ensuite j'ai crocheté autour la ficelle, sans la crocheter elle même (comme quand vous rentrez les fils ou que vous les faites suivre en même temps que vous crochetez). J'ai continué mes augmentations en mode freestyle, quand je le sentais jusqu'à obtenir la base de corbeille avec la taille voulue.


Franchement, jusque là tout allait bien. La base était très rigide, ça donnait un aspect vannerie. J'étais même fière de moi.


Mais après, les choses se sont compliquées... Quand on veut crocheter un rond au crochet, on commence par un cercle avec les augmentations de mailles et puis on arrête d'augmenter et les bords montent alors à la verticale. J'étais persuadée que ça serait pareil. Il me suffirait d'arrêter les augmentations...
Et ben, ça ne s'est pas passé comme ça.
Cela continuait inexorablement à augmenter le cercle mais jamais à monter à la verticale. J'ai défait de nombreuses de fois, tenté différentes techniques et franchement je ne comprenais pas ce qui se passait. J'ai diminué les mailles encore et encore, ça prenait alors un aspect légèrement évasé... J'ai fini par être lassée. Je me suis dit "bon, ras le bol, je coupe la ficelle et je vais faire les bords uniquement en laine". Sauf que comme j'avais diminué plein de mailles, c'est monté en trompette...




L'homme regardait d'un drôle d’œil ce qui montait de mon crochet... : "c'est quoi au juste ton projet ? Tu crochètes un nouveau chapeau à Amélie Nothomb ?"


C'est ça de partir à l'aventure, fleur au crochet, parfois le résultat est douteux et on se retrouve avec un sac à patate qui ressemble à rien et à tout à la fois. On peut y voir le chapeau de berger Afghan que porte Mathieu Kassovitz dans Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain, une cheminée de centrale nucléaire, un cache-pot... moquez-vous, moquez-vous, en attendant, il est pratique et il remplit sa fonction. 
Honnêtement j'ai hésité à le bazarder avant de me prendre d'affection pour cette corbeille patatoïde. J'ai tenu à vous en parler parce que c'est bien de parler de ce qui rate aussi. Il paraît que la création est une succession d'échecs. Le tout est de ne jamais s'avouer vaincue. Je retenterai donc et je finirai par percer ce mystère !
(prochain essai avec nettement moins de mailles...)


A parler de ficelles et de vigne, à montrer des fruits qui ont de belles robes, j'étais presque obligée de vous parler d'un vin de ma région d'origine : La Ficelle de Saint-Pourçain.


Je ne suis pas une spécialiste, loin de là. Je peux vous dire que La Ficelle est un vin rouge AOC et c'est à peu près tout ce que je suis capable de dire sur le vin en lui-même. Œnologues et amateurs de vins, je vous indique donc plutôt ce chemin.


J'avais pour ma part plus envie de vous parler de la bouteille en elle-même. 

Sur un côté, on trouve une ficelle nouée en référence au Sieur Gauthier, qui en 1487 (ça nous rajeunit pas !) servait le vin au fond de sa taverne en le mesurant à l'aide d'une ficelle plongée dans les pichets. Je vous glisse ce lien pour découvrir plus en détails la légende de La Ficelle et la bande de gais-lurons aux foulards rouges que sont les Compagnons de la Ficelle.

De l'autre côté, on trouve chaque année un dessin réalisé par un illustrateur/dessinateur de presse. Je dois dire que si beaucoup attendent l'arrivée du vin nouveau, j'ai toujours beaucoup plus guetté l'arrivée du nouveau dessin, petite surprise marquant l'arrivée du mois de Décembre.
Je ne peux que vous inviter à aller voir un peu les différentes bouteilles répertoriées ici, de 1987 à 2014. Vous y trouverez Roland Sabatier (illustrateur des Contes du Chat Perché), vous verrez souvent passer devant vos yeux les noms Hara-Kiri, Siné-Mensuel, Fluide Glacial, Charlie Hebdo... J'ai forcément envie de mettre en avant Honoré et Tignous mais Piem, Willem, Barberousse, Loup et tant d'autres sont passés par là.
C'est une bouteille illustrée par Lerouge pour les 25 ans de la Ficelle oubliée dans le fond de mon placard que j'ai ressortie pour la photo. 


Rendez-vous donc au premier samedi du mois de décembre pour pourquoi pas rajouter une bouteille de Ficelle, un peu d'humour et de légende à votre table de fête (bon j'suis d'accord en terme de légende, ya aussi et qui s'appelorio Quezac mais c'est un autre délire). 


D'ici là, je vais profiter de septembre et octobre,  des petits plaisirs de saison : savourer les derniers beaux jours, faire de longues balades, ramasser les feuilles mortes, exploser la bogue des marrons, préparer Halloween, écouter la pluie tomber lovée sous un plaid en laine avec chat et tricot, remplir son chez-soi de bonne odeur de pâtisseries, siroter un chocolat chaud, grignoter des fruits teintés de bleu... 


Franchement, quoi de mieux pour commencer la journée en douceur que de faire le tour des réseaux sociaux et de lire vos petits mots en dégustant une tarte aux mûres...


11/09/2015

Racaillou et Pokemon

A l'occasion du vingtième anniversaire de Pokémon (et oui, Pikachu et ses copains vont déjà avoir 20 ans), l'équipe de la Clermont Geek Convention a lancé cet été un concours Pokémon. Je me suis aussitôt dit "ooh j'en suis !".


Il fallait faire un choix parmi les 151 Pokémon de la première génération. Tant de choix peut paralyser... L'Homme a tout de suite suggéré Onix et j'ai trouvé l'idée top. Le grès cérame de mes mosaïques ne pouvait que bien rendre l'aspect roche de ce Pokémon. Bon finalement, j'ai choisi Racaillou mais je suis restée dans un Pokémon de type roche.
Pourquoi Racaillou ? 
- parce que j'adore son nom !
- parce que j'étais dans ma période tape-choï et bestioles qui jouent du poing ;) 
- et parce que son évolution était intéressante à réaliser.

C'était parti, j'ai dessiné sur mon bout de bois Racaillou, sa première évolution Gravalanch et la seconde Grolem (celle qui ressemble à une tortue pour les néophytes). Qu'est-ce que je kiffe les noms des Pokémons !


Ça a été un sacré défi de donner une forme en mosaïque à ce tas de cailloux. J'ai dû en couper des morceaux plus fins qu'un cure-dent !! oui, je suis cinglée, armée de bonnes pinces et de beaucoup de patience... 



Le choix de la couleur du fond m'a posée bien des problèmes. Finalement c'est le rouge qui l'a emporté, parce que parfois, j'écoute ce que dit l'Homme et parce que c'est la couleur d'une Poké Ball.


 Grolem avant/après ciment


Racaillou


Gravalanch


Racaillou et ses évolutions sont en grès cérame (bruts et mats) sur fond d'émaux de Briaire (brillants). J'ai positionné les tesselles du fond de façon à créer une sensation de mouvement et de vitesse d'attaque


Entre la photo de face et celle légèrement de profil, on peut deviner ce que donne la lumière sur la mosaïque selon où on se place pour la regarder... Alors oui, les éclats de lumière, c'est la force de la mosaïque mais à prendre en photo c'est toujours aussi galère ;)


Qu'est-ce que j'ai à gagner dans tout ça ? 
Exposer mes créations sur le thème Pokémon à la Clermont Geek Convention et vous savez comme j'aime ce salon, je vous ai déjà parlé de mes petits weekends entre geeks.

Qu'est-ce que vous avez à gagner dans tout ça ?
Bah pas grand chose à part me faire plaisir et avoir la possibilité de découvrir au moins 3 nouveaux tableaux Pokémon. Qui dit exposition, dit autres productions et bonjour à Roucool, Rattatac, Pikachu, Feunard, Nosferapti...
 
Comment m'aider à gagner le concours ? 
Trois participants sont choisis par un jury, deux par le nombre de voix sur Facebook. C'est là que vous rentrez en jeu.
Si vous voulez voir les créations des autres et votez pour ma mosaïque, il suffit de vous rendre sur l'album Facebook et de liker cette photo.
(Vous pouvez aussi voir ma création et votez pour les autres mais ça me fera vachement moins plaisir ^^)



Attrapez les tous !!!  (et votez pour moi ^^)